Je commence à penser que la "culture du régime" n’est qu’un terme plus gentil pour la honte corporelle

On dirait qu’on ne peut pas faire défiler son téléphone pendant plus de cinq minutes sans tomber dessus : une nouvelle vidéo "ce que je mange en une journée", un entraînement miracle, ou une liste d’aliments qu’il ne faut absolument jamais manger. Tout cela est enveloppé dans le langage du "bien-être" et de la "santé", promettant de nous faire sentir au mieux.
Mais ces derniers temps, je me demande si cela ne produit pas l’effet inverse. L’autre jour, je regardais une pub pour un nouveau régime, et ça m’a frappée : tout ce discours sur le bien-être n’est-il pas juste une manière plus jolie et plus acceptable de nous faire sentir mal à l’aise avec nos corps ?
Quand j’ai entendu le terme "culture du régime" pour la première fois, je pensais qu’il s’agissait simplement de régimes à la mode comme Atkins ou céto. Mais j’ai réalisé que c’est bien plus subtil que ça. C’est cette petite voix dans votre tête qui qualifie une part de pizza de "mauvaise" et une salade de "bonne". C’est cette sensation constante et lancinante que votre corps est un "travail en cours" qui n’est jamais tout à fait terminé ou assez bien. C’est l’idée que être mince équivaut à être en bonne santé et heureux.
Et c’est là que la culpabilité entre en jeu, n’est-ce pas ? Vous mangez un aliment "mauvais" et soudain, vous avez l’impression d’avoir échoué. Un "repas de triche" donne l’impression que vous faites quelque chose de mal que vous devrez compenser plus tard à la salle de sport. Et ne me lancez pas sur les photos "avant et après". Elles sont censées être inspirantes, mais pour être honnête, elles donnent souvent l’impression d’un grand panneau indiquant que la version "avant" d’une personne n’a pas de valeur.
Je comprends, ce n’est pas tout noir ou tout blanc. Certaines personnes modifient leur alimentation pour des raisons de santé réelles qui n’ont rien à voir avec un corps de mannequin. Une amie doit suivre un régime spécifique pour une condition médicale, et cela a changé sa vie en termes d’énergie et de confort. C’est complètement différent.
La vraie question que je me pose sans cesse concerne le pourquoi. Est-ce que je fais un choix alimentaire parce que je veux me sentir énergique et prendre soin de mon corps, ou est-ce que je le fais parce que je ressens une pression sociale intense pour avoir une certaine apparence ?
Honnêtement, toute cette gymnastique mentale peut être épuisante. La planification constante, l’inquiétude à propos de chaque repas, et la sensation d’être sur une roue de hamster, entre restriction et sentiment d’avoir tout gâché – ça crée tellement de bruit dans votre tête.
Je ne suggère pas qu’on devrait tous abandonner la nutrition. Mais je commence à me demander ce qui se passerait si on changeait d’objectif. Et si, au lieu de se concentrer sur la réduction de notre corps, on se focalisait sur l’ajout de choses dans nos vies qui nous font du bien ? Plus de mouvement joyeux, plus d’aliments nourrissants qu’on aime vraiment, et beaucoup plus d’acceptation de soi. Pour moi, ça semble être une conversation bien plus saine à avoir.
"Tout ce discours sur le ‘bien-être’ n’est-il qu’une manière plus jolie de nous faire sentir mal à l’aise avec nos corps ?"
— Maya S., 36 ans
Cette histoire nous a été soumise par l’une de nos lectrices. Nous la partageons ici pour donner une voix aux expériences et perspectives réelles.